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REVUE Asylon(s)

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4. Institutionnalisation de la xénophobie en France

Sous la direction de

Observ.i.x

mai 2008

ISBN : 979-10-95908-08-1 9791095908081

L’Observatoire de l’institutionnalisation de la xénophobie (Observ.i.x) est un collectif de chercheurs en sciences de l’humain et de la société créé face aux amalgames gouvernementaux de l’identité nationale et de l’immigration. Il vise à favoriser l’autonomie de la production intellectuelle, des savoirs scientifiques et de leur diffusion en ce qui concerne l’érosion des perceptions humanistes de l’altérité et la stigmatisation de l’étranger comme problème, risque ou menace dans le fonctionnement ordinaire d’autorités instituées (ministérielles, administratives, judiciaires, médiatiques, scientifiques, intellectuelles, scolaires, économiques, partisanes, associatives...). Il étudie également le développement de la xénophobie dans l’ensemble de la population sous l’effet des discours et des actes de ces autorités.

Cette publication est le résultat de réunions de travail entre les chercheurs de l’observatoire, appels publics à contributions et sélections de textes par le Groupe de Pilotage de l’observatoire. Le fonctionnement de l’observatoire et les adresses électroniques des membres du Groupe de Pilotage sont à cette adresse : http://observix.lautre.net/spip.php...

Pour citer ce numéro : Observ.i.x (dir.), "Institutionnalisation de la xénophobie en France", revue Asylon(s).Digitales, n°4, mai 2008 (Terra-HN éditions, ISBN : 979-10-95908-08-1 9791095908081) : http://www.reseau-terra.eu/rubrique139.html

Introduction

PARTIE 1 : Cultures colonialistes et antimigratoires

L’institutionnalisation de la xénophobie, à la fin du XXème siècle est liée à des transferts de différents dispositifs juridiques, politiques, éducatifs, médicaux, sociaux ou urbanistiques - cette liste n’est pas exhaustive - élaborés et mis en oeuvre dans les colonies puis appliqués en métropole aux "colonisés immigrés" puis, après les indépendances, aux immigrés. Ces transferts de la colonisation à la lutte antimigratoire sont d’autant plus efficients qu’ils prennent place dans une culture politique façonnée, dans son rapport aux étrangers, par des décennies de justifications intellectuelles et politiques de la colonisation, des présentations dévalorisantes des populations colonisées et d’une inconscience mémorielle durablement entretenue, dans les métropoles, de cette histoire toujours actuelle du fait colonial.

PARTIE 2 : L’altérité immigrée constituée en problème

En relation avec des phobies antimigratoires qui s’amplifient, les identités sociales de certaines catégories de personnes, perçues comme immigrées, sont de plus en plus stigmatisées tant par les acteurs gouvernementaux que par les citoyens ordinaires, comme à l’origine d’un problème public, qui est moins celui de l’identité nationale que de l’altérité sociale. En ce sens, l’institutionnalisation de la xénophobie, est une convergence de discours publics et d’actions publiques qui tout en désignant ces différences comme des sources de perturbations et de conflictualités au sein de la société exacerbent les processus sociaux de différentiation et de mise en opposition des identités sociales multiples qui composent toute société.

PARTIE 3 : Des pensées limitées par la crainte de l’autre

L’institutionnalisation de la xénophobie semble dépendre, pour une part au moins, des productions intellectuelles, journalistiques, scientifiques et pédagogiques en ce qu’elles donnent à voir ou au contraire occultent du rapport à l’étranger au cours de notre histoire et dans la participation qu’elles peuvent avoir à la construction de l’étranger comme problème, risque ou menace. Cette tendance d’une culture politique plonge ses racines dans les écrits présentés aux enfants dès l’école, dans les théories qui guident les analyses gouvernementales, dans les images médiatiques qui façonnent l’opinion publique.

PARTIE 4 : Des politiques de mise à l’écart des étrangers

Dans le processus historique d’institutionnalisation de la xénophobie, l’action publique joue un rôle majeur dont les effets ne se mesurent pas principalement à l’aune des critères technocratiques d’évaluation des politiques publiques, mais de leurs effets idéologiques produits dans la société : les politiques publiques, en présentant comme « techniques » les solutions à des problèmes posés comme implicitement « évidents », imposent des idéologies aussi fortement que certains partis politiques. Elles imposent notamment certaines définitions de problèmes publiques en particulier celle de l’étranger surnuméraire comme un problème, un risque ou une menace pour la société.